Bélem, avril 2010 : une nouvelle aventure

24 avril 2010 - 13 H 52 - Le TGV à destination de Paris Montparnasse quitte lentement la gare du Croisic .

Nous longeons les marais salants . Dans les oeillets, des aigrettes blanches se toisent de leur port hautain et quelque peu ridicule .

Nous sommes en avril et pourtant, depuis une semaine, l'été est là. Une chance magnifique pour ces vacances de printemps. Après cet interminable hiver, j'ai l'impression de renaître. Mais est-ce seulement le retour des beaux jours ou bien, cette renaissance , est-elle plus profonde et plus porteuse d'espoir ? Je ne sais pas. Ne faisons pas de pari sur l'avenir : nous verrons bien .

La Baule-Escoublac. Le train se remplit de gamins qui interpèlent des grands-parents restés à quai. Des " au-revoir " jusqu'aux prochaines vacances, des rires, des sourires crispés, peut-être même quelques larmes.

Moi aussi je quitte Le Croisic , mais pour moi, les retrouvailles sont pour ce soir. Car aujourd'hui, j'ai un rendez-vous. Certes mon galant n'est plus très jeune : à 114 ans on est plus un gamin ! Mais il est encore suffisamment vaillant pour me conduire de Brest à Saint Malo.

Toutefois, pour atteindre ma destination, il faut en passer par le bon vouloir de la SNCF et, par les temps qui courent, c'est un vrai poème. A Nantes, je dispose normalement de 20 mns pour changer de train. Le TGV ayant pris un quart d'heure de retard pour une heure de parcours, tout commence par une course effrénée dans la gare . J'interroge une employée : " le train pour Quimper, s'il vous plait, Madame ? " . " Quai 6, Madame ". Avec mon énorme sac sur le dos, je bats des records de vitesse . Sur le Quai  6, pas de train. Pourtant, le Toulouse-Quimper est bien annoncé sur le quai 6 !!!  Le temps s'écoule et toujours rien. Machinalement, mon regard se porte sur le train qui va démarrer sur le quai 7 . Une bande annonce défile au-dessus de la porte d'accès au wagon : " Ce train est à destination de Quimper ". !!!  Je me jette à l'intérieur du wagon alors que la porte se ferme déjà . Le train démarre . P......de SNCF !

Première destination : Savenay . Il nous faut presqu'une heure pour l'atteindre . A ce rythme là, nous serons à Quimper dans trois jours . A l'approche de Vannes, le contrôleur que j'interroge est formel : notre train n'arrivera à Quimper qu'à 18 H 20 , soit 5mns après le départ de l'autocar pour Brest . " Et l'autocar, Madame, il n'attend pas , ça c'est sûr ! ". " Et je fais comment pour aller à Brest ? ". " Et bien, Madame, il y aura peut-être le 19 H 02 , qui arrivera sans doute à Brest à 20 H 10 ". J'ai une envie folle de lui demander s'il passe par Pau.... d'autant plus qu'il a des faux airs de Laspalesse !

Arrivée à Quimper . Finalement , l'autocar a décidé de nous attendre quelques minutes . Alors, c'est à nouveau la course pour ne pas le rater. Ca y est : je m'y installe enfin. Et là commence une très longue balade dans la campagne bretonne . Je n'imaginais pas qu'il faille 2 H pour parcourir 70 kms ...

20 H 30 : nous arrivons enfin à Brest..... où il pleut . Tout est normal, Barbara .

Après ce voyage tumultueux, j'estime avoir bien mérité un petit dîner réparateur dans une crêperie du port . J'y médite sur la célérité des transports ferroviaires . Pour moi, tout ceci n'est pas bien grave, puisque je suis en vacances . Mais je pense à tous ceux qui ont des rendez-vous importants ...Et j'en tire la conclusion qui s'impose : décidément, pour se déplacer, rien ne vaut la marine à voiles !

Après deux bonnes galettes, je suis prête pour affronter toutes les tempêtes de l'Océan. Pour l'heure, c'est surtout du crachin qu'il faut se protéger . Alors j'enfile mon ciré , je remets le sac sur le dos et me voici repartie.

Quelques centaines de mètres à parcourir et le voilà enfin , ce fabuleux bâtiment . Malgré la pluie, je ne monte pas tout de suite à bord . Je prends du temps pour l'admirer , " sous toutes ses coutures ". Evidemment , ça n'est plus une vraie découverte , puisqu'on se connait déjà un peu tous les deux . Mais il est aussi beau que dans mes souvenirs ...

Je me décide enfin, presque timidement. J'emprunte la passerelle avec précaution . Ca y est : j'y suis.

Avec les stagiaires qui, comme moi , vont passer cette première nuit à bord, je suis accueillie dans le grand roof par un des lieutenants .

Je connais désormais le déroulement des opérations. J'ai hérité du mug 27 . Je vais donc m'installer au plus vite dans la banette correspondante. Puis , je jette un coup d'oeil au tableau des quarts et services .

C'est ensuite un premier temps d'échanges , passé à bavarder tranquillement sur le pont avec les autres stagiaires .

Il est 23 H 30. Il pleut toujours . La journée a été bien remplie et je n'ai plus qu'un désir : m'étendre sur ma couchette et trouver le sommeil.