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Le Retour vers la Mer
23 octobre 2009

L'histoire du sauvetage en mer : en souvenir de mon arrière grand'père Eugène LAUDRIEC

Le_pillage_de_La_Catherine_dans_la_Baie_des_Tr_pass_eNé au XIX ° siècle d'initiatives privées, le Sauvetage en mer est aujourd'hui assumé aussi bien par des services publics de l' Etat et des collectivités locales que par des Associations civiles .

Mais l'intéret pour cette question et les premières tentatives pour organiser le secours aux naufragés, sont beaucoup plus lointaines.

En france , le texte le plus ancien relatif à cette question remonte au XII ° siècle. Nous le devons à la Reine Aliénor d'Aquitaine, qui souhaita mettre fin aux pratiques qu'elle découvrit sur l'île d'Oléron. Les habitants y avaient pour usage de tuer les naufragés rescapés et de s'approprier les cargaisons récupérées , au lieu de leur porter secours. Les " Rôles d'Oléron " sont considérés comme les premières règles à l'origine du Droit Maritime français. Une de ses dispositions concerne le sauvetage en mer : " Doivent être mis à la mer et plongés tant qu'ils soient demi-morts et puis les retirer et les lapider ou les assommer comme on ferait pour les loups ou les chiens enragés, les gens s'abstenant de porter secours ".

Au cours du XIII° siècle, les maisons hospitalières de secours et les confréries de pêcheurs , ayant pour vocation le sauvetage et l'assistance aux familles de disparus , se multiplièrent. En Bretagne, dès le siècle suivant, des postes d'observation furent installés , de Dinan à Brest, toutes les 7 lieues.

La première Ordonnance Royale qui va réglementer la surveillance du littoral remonte à 1517 sous François Ier . Ce service , confié aux Amiraux, exigeait de tous les hommes valides des paroisses côtières , qu'en plus de leur mission de veille, ils interviennent lors de naufrages ou d'échouages près des côtes.

A la fin du XVII° siècle , sous Louis XIV, la milice des garde-côtes est placée sous l'autorité des capitaines de port, une fonction de capitaine garde-côtes est créée et les postes de surveillance se multiplient.

Au XVIII° en France, tout ce qui touche à la Marine est délaissée et seul Louis XVI qui porte un vif intérêt au monde maritime, tentera de redonner à la Flotte son lustre d'antan.

C'est sous la Révolution , en 1791, qu'est créée la Régie des Douanes , qui va assurer la surveillance des côtes . Pour ce faire, les Douanes se voient attribuer une flotille de 250 embarcations. En 1802, Bonaparte réorganise les Chambres de Commerce Portuaires et développe les services de sauvetage.

Au début du XIX° siècle vont se mettre en place les premières organisations privées ayant pour vocation le secours aux naufragés. Pionnière  dans ce domaine, La Société Humaine de Boulogne-sur-Mer est créée en 1825 . Regroupant des français et des anglais, elle a pour simple mission la surveillance de la baignade et dispose de très peu de moyens . Avec ses moyens dérisoires ( un petit canot ), les sauveteurs vont rester quasi-impuissants lors du naufrage de l'Amphitrite , navire britannique qui s'échoua le 31 août 1833 à l'entrée du port de Boulogne. Seuls 3 membres d'équipage purent être sauvés sur les 136 personnes à bord . Ce drame provoqua une très vive émotion et le Maire de Boulogne, sollicita l'Etat afin d'obtenir pour la société de sauvetage des moyens efficaces. La Société obtint un " vrai " bateau de sauvetage, le canot " Amiral de Rosamel " construit à Cherbourg .

Les initiatives vont ensuite se multiplier au cours du second quart du XIX° afin de créer des établissements permanents de sauvetage aux points dangereux des côtes.

Sous le Second Empire , la flotte marchande est en plein essor et cette période connait également les premiers développements de la Plaisance. Conséquence immédiate : le nombre d'accidents sur nos côtes est lui aussi en pleine croissance.

Une vaste campagne d'aménagement des côtes est entreprise avec l'installation de nombreux phares et balises. Vers 1850 , notre littoral compte 59 phares . Un demi-siècle plus tard, ce nombre a été multiplié par 6 et l'on a mis en place 7 bateaux-feux.

Le_Four

Bateau_feu___gaz_sans_gardien

Un nouveau drame va accélérer la mise en oeuvre d'un véritable service de sauvetage maritime. Le 15 Février 1855, la frégate La Sémillante fait naufrage au large de la Corse et plus de 700 hommes périssent.La décision est alors prise de confier la création et la direction du service de sauvetage à l'initiative d'une société privée à laquelle le concours de l'Etat serait acquis. Les bases de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés ( SCSN ) sont posées. Mais il faudra encore attendre 10 ans avant qu'elle naisse officiellement le 3 août 1864.

Dès l'année de sa fondation, la SCSN va ouvrir 4 stations à Audierne, Saint Malo, Barfleur et Saint Jean de Luz. En un siècle, elle va en créer 56. Lors de la création d'une station, l'équipage était choisi par le Comité local parmi les pêcheurs et autres marins volontaires et bien souvent le nombre de candidats était bien supérieur au nombre requis pour armer le canot. Grâce au courage et à l'abnégation de ses hommes, la SCSN va porter assistance à plus de 3500 navires et sauver ainsi 25 000 vies. Mais en un siècle , une soixantaine de sauveteurs vont périr au cours de leur mission d'assistance.

En 1873, une autre Société voit le jour , les Hospitaliers Sauveteurs Bretons. Au départ, les HSB s'orientent vers le secours en faveur des familles des sauveteurs décédés . Puis elle devient une véritable société de sauvetage. Les HSB s'implantent surtout en Bretagne , mais ouvrent aussi des stations sur tout le littoral français et Outre-mer. Et les HSB deviennent le 2° pilier du sauvetage en mer.

Après la Seconde Guerre Mondiale , la situation financière des 2 sociétés de sauvetage est catastrophique , alors même qu'il est nécessaire de renouveler et moderniser le matériel. D'où l'idée de fédérer les moyens et les hommes. Les 2 organisations vont donc fusionner en 1967 pour donner naissance en juin 1968 à la Société Nationale de Sauvetage en Mer, association de type Loi 1901, déclarée d'utilité public.

Le budget de la SNSM se compose pour moitié de subventions ( Etat et collectivités locales ) , l'autre moitié provenant de ses ressources internes ( manifestations, ventes, dons ). Pour fonctionner et se développer la SNSM a donc un besoin impératif de la générosité de ses donateurs , le sauvetage en mer étant gratuit.

canot_tous_temps_Jean_CAM

canot_tous_temps_Amiral_Amman

canot_tous_temps_Ville_de_Paris

L'association compte aujourd'hui 3500 sauveteurs bénévoles qui doivent pouvoir appareiller dans les 15 mns qui suivent l'alerte, quelles que soient les conditions météorologiques et la nationalité du navire en détresse. Elle dispose de 232 stations de sauvetage disséminées sur tout le littoral. Autre chiffre : environ 2/3 des sorties concernent des plaisanciers , alors que très peu parmi eux s'impliquent au sein de l'Association.

Au titre des Conventions internationales signées par la France, l'organisation du sauvetage incombe à l'Etat. Un maillage extrêmement dense d'intervenants publics et privés a été créé et la SNSM n'est qu'un des maillons de ce dispositif.

A la fin des années soixante , la France a mis en place les Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage , les Cross , qui forment l'ossature du dispositif de surveillance maritime. Leur personnel est issu des Affaires Maritimes et de la Marine Nationale. Outre leur principale mission de recherche et de sauvetage , les Cross s'occupent également de la diffusion des renseignements de sécurité maritime, de la surveillance de la navigation maritime , des pêches et de la pollution. Les Cross ne disposent pas de moyens d'intervention propres et ils font appel à ceux de l'Etat, des collectivités locales ou du privé .

L'Etat met donc à disposition tous les moyens des administrations et services ayant compétence dans le domaine maritime. Ainsi ceux de la Marine Nationale qui peut mettre en oeuvre aussi bien ses bâtiments et aéronefs de combat que ses moyens spécifiques propres au sauvetage : frégates de souveraineté, patrouilleurs de service public, hélicoptères, avions de surveillance. Intervient aussi bien sûr le service de garde-côtes des douanes pour des recherches d'assistance et de sauvetage, la gendarmerie maritime pour des missions d'assistance et la Sécurité Civile qui participe au sauvetage des personnes en zones côtières , notamment en milieu périlleux ( falaises, phares, etc... ) .

Pour écrire ces lignes, j'ai très largement puisé dans un article paru dans la Revue Ar Men de juillet/ août 2006, " L'Odyssée du sauvetage en mer " , rédigé par Gaëlle ROLLAND.

Je les ai écrites en souvenir de mon arrière grand'père Eugène LAUDRIEC, marin-pêcheur , et équipier du canot de sauvetage de La Turballe . Lors d'une sortie pour porter secours, mon arrière grand'père est tombé à la mer. Il a pu être récupéré mais a attrapé une congestion pulmonaire. Transporté à l'hôpital de Nantes , il y est décédé le 17 septembre 1925. Il faisait partie de tous ces hommes courageux qui ont laissé leur vie pour sauver celle des autres.

   

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Commentaires
L
Chère Cathy,<br /> <br /> Je t'ai reconnu sur la photo jointe à cet article.<br /> Je l'enregistre évidemment pour en faire profiter mes stagiaires. Tu m'as appris les circonstances de la mort de mon grand' paternel Eugène LAUDRIEC dont j'ai récupéré le portrait qui trônait chez son épouse, ma grand' mère. Il a fini en "brave" et c'est bien aussi pour nous ses descendants.<br /> Je te fais une grosse bise et j'aimerai que nous nous revoyons bientôt car ma fille Valérie habite maintenant MENTON et va ouvrir un "bateau - école".Encore l'atavisme avec un fils "pêcheur" en Guadeloupe !!!!
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  • Les vicissitudes de la vie me conduisent à tourner la page que je pensais si solide et à retourner vers celle qui fut si longtemps ma complice : la Mer. Toutes voiles dehors ! Je vous invite tout simplement à découvrir et à partager ma route.
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