Roscoff -Paimpol : la 1ère rando en kayak

Finalement , il n'y a pas eu de nouveau voyage au Spitzberg.

Et j'ai beau essayer de me souvenir, ma mémoire en a totalement occulté la raison. Mais qu'importe, puisqu'il y a eu ensuite tant de coups de pagaie et tant de découvertes magnifiques .

Cela a commencé par un premier stage d'initiation à bord de " vrais " kayaks , organisé par l'Auberge de Jeunesse de Paimpol. Le nec plus ultra dans ce domaine.

Puis est arrivée la première randonnée , encadrée par le Directeur de l'Auberge, Guy Cloarec, qui nous a mené de Roscoff à Paimpol. Une semaine en autonomie complète, nos kayaks bourrés de provisions et d'équipements.

Qu'elle fut difficile, mais qu'elle fut belle cette semaine là !

Notamment grâce à la présence à mes côtés de mon neveu Gaël , avec qui j'ai pu partager ces moments privilégiés.

Le départ , à l'ouest de Roscoff, à marée basse , avec un porté sur plusieurs centaines de mètres de nos kayaks bourrés jusqu'à la gueule , constitua déjà une sévère mise en condition ! Mais, première récompense dès que nous nous sommes retrouvés à glisser sur les eaux incroyablement limpides entre la côte et l'Ile de Batz. Vint ensuite la traversée de la Baie de Morlaix avec escale au Château du Taureau. Puis, une fois arrivés sur la côte est de la Baie, la visite du cairn de Barnenez, impressionnant témoignage des premiers habitants d'Armorique.

Après avoir arrondi la Pointe de Primel , la longue traversée au large de la Baie de Lannion , me parue quelque peu interminable .

Un des intérêts du kayak de mer est de pouvoir longer la côte au plus près, d'en découvrir les multiples trésors invisibles aux yeux du terrien ou du voileux. De pénétrer à l'intérieur des grottes, de zigzaguer entre les rochers en jouant avec la vague. Ca n'est pas de " bouffer " du mille. Du moins pour moi.

Mais , ce jour là, Guy avait de bonnes raisons pour vouloir forcer l'allure : passer avant la nuit la Pointe du Squewel , afin d'être à l'abri lors de l'arrivée du Coup de vent annoncé par la Météo marine. Car pas question d'être en mer par force 8 ! Après une petite halte à Trébeurden pour reposer les muscles, nous avons entamé la remontée vers Trégastel, atteinte en fin d'après-midi. Le vent avait déjà beaucoup forci et nous commencions à être bien secoués dans nos minuscules embarcations.

Prendre la décision de passer ou non la Pointe du Squewel, dans ces conditions de vent et de mer ? En marin avisé et responsable, Guy décida que nous devions faire demi-tour pour nous réfugier à l'Ile-Grande . Refaire une partie de la route en sens inverse, trouver le bon endroit pour débarquer : il nous fallu encore plusieurs heures pour cela . Et c'est en pleine nuit, à la lueur de nos lampes frontales, que nous avons enfin mis pied à terre. Très fatigués, alors que nous attendaient encore le montage des tentes et la confection du repas. Le sommeil qui s'empara de moi fut certainement très profond : je n'entendis rien du Coup de vent qui s'abattit sur nous, brutal et majestueux.

Comme elle fut la bienvenue la grasse matinée qui suivit ! D'autant plus qu'une méchante tendinite me martyrisait le poignet droit. Quant on passe ses journées à pagayer , souffrir du poignet , ça n'est pas le pied !

Ce fut donc une journée de farniente, passée à se balader et à visiter le Centre ornithologique de l'Ile-Grande qui notamment accueille et soigne les oiseaux de mer blessés. Et bien sûr, de longs moments à regarder la Mer, qui s'en donnait à coeur joie. Plus aucune retenue : et que je te déferle par ici; et que je t'écume par là. Le grand jeu, histoire de nous impressionner . Mais il en fallait plus pour émouvoir Guy et Pascal qui, au plus fort du Coup de vent allèrent taquiner les vagues. Tous les deux, ils en avaient déjà affronté bien d'autres et sous des climats beaucoup plus rudes, au Canada ou dans les canaux de Patagonie.

Dès le lendemain matin, le gros temps étant passé, nous avons repris notre route. Mais une bonne houle d'ouest sous l'effet d'un vent persistant à force 5, rendit la suite de la randonnée très difficile , du moins pour moi. Je me retrouvais souvent à la traîne du groupe . Pour autant, je n'ai jamais été seule. Dès que je décrochais un peu, un de mes compagnons restait à mes côtés, sans que j'ai à demander quoi que ce soit. Sens de la solidarité au sein du groupe, priorité donnée à la sécurité de tous . Une leçon que je n'ai pas oubliée .

Par moment, j'ai quand même " serré les fesses " ! Le plus impressionnant fut le contournement du Sillon de Talberg, cette langue de cailloux qui s'avance de plusieurs kilomètres en mer à l'ouest de l'Archipel de Bréhat. Hauts fonds, vent, courants, vagues, tout était réuni pour transformer la Mer en bouilloire. Avez-vous déjà vu un bouchon en liège à la surface d'une eau en ébulition ? Et bien je vous assure que ça vous donne le sentiment d'être bien peu de chose ici-bas...

Une fois arrondie la pointe du Sillon de Talberg, quel calme au coeur de l'Archipel de Bréhat . Et quel paysage ! Cet endroit, je le trouve beau à vous couper le souffle. Pour moi, il vaut toutes les îles de rêve des mers lointaines et chaudes . Mais, n'ayant jamais mis les pieds sur ces îles paradisiaques, je me trompe sans doute ...

Paimpol était désormais " à quelques coups de pagaie ". Et quand nous avons longé les quais avant de mettre pied à terre, j'ai éprouvé un formidable sentiment de fierté. Comme l'impression que je n'arrivais pas de Roscoff , mais que je rentrais des bancs de Terre Neuve . Pas moins ! En toute modestie !

Mais arrêtons là les comparaisons avec les marins qui rentraient de campagne . Par respect pour eux...

Notre randonnée en kayak était finie . Je ne pensais qu'à une chose : repartir.